À la montagne, nous ne sommes pas tous en vacances. Dans cet environnement remarquable au sein des stations de ski, le bonheur des uns passe aussi par le travail des autres. C’est ainsi que dès le début de l’hiver, plus de 120 000 emplois dépendent de l’ouverture des domaines skiables. Les saisonniers seraient environ 90 000 dans les Alpes du Nord, 15 000 dans les Alpes du Sud, 10 000 dans les Pyrénées, et 5 000 dans le Massif Central, Jura et les Vosges. (source : Domaines Skiables de France, 2022) Derrière ce choix de vie et ce statut particulier, combien gagnent vraiment les saisonniers du ski ?
État des lieux par rapport aux boulots saisonniers en station de ski
Premier constat : Décrocher un job en station signifie, dans la plupart des cas, signer un contrat à durée déterminée (seuls 11% des salariés en station sont embauchés en CDI).
Second constat : Parmi ceux qui ont un CDD, seuls 4 sur 10 bénéficient d’une priorité à la réembauche la saison suivante. Notons tout de même que ce taux varie selon les branches, puisqu’il est évalué à 95% dans l’hôtellerie et 97% dans la restauration.
Troisième constat : La plus grande partie des offres d’embauche concerne les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, mais aussi celui des téléphériques et remontées mécaniques (37% des emplois).
Quatrième observation : Les saisonniers sont souvent des hommes (56% des emplois), 2/3 ont plus de 35 ans et réalisent plus de 35 heures par semaine. Ils sont même 56 % à faire plus de 40 heures et plus de la moitié des saisonniers effectuent des heures supplémentaires. La cadence est importante puisque la moitié des saisonniers ont au maximum un jour de repos par semaine. Ils sont 5 % à travailler 7 jours sur 7, ce qui est illégal. La journée de travail se finit tard puisque près du tiers des saisonniers travaillent après 22 heures. Seulement un tiers des saisonniers finissent leur journée avant 19 heures et 14 % d’entre eux sortent de leur lieu de travail après minuit.
► Conclusion : Vous allez devoir revoir votre copie si vous pensiez que bosser en station est un vrai bon plan et que cela permet de passer ses après-midi au ski..
Quels sont les salaires des saisonniers travaillant sur les domaines skiables ?
La convention collective des domaines skiables est unique en son genre, l’article 16 en est le pivot : il organise la priorité de réembauchage et la reconduction des contrats de travail d’une saison sur l’autre. Une enquête récente réalisée dans le cadre paritaire par Domaines Skiables de France, la CFDT, la CGT, et FO a montré que la situation des saisonniers dans le secteur des remontées mécaniques est bien éloignée des stéréotypes véhiculés sur la précarité des saisonniers en général. À noter que l’ancienneté moyenne des saisonniers du secteur est de plus de 8 ans en moyenne, 60 % sont propriétaires de leur logement.
Combien gagne un moniteur de ski ?
Il est travailleur indépendant et en tant que diplômé d’État, il a la faculté d’exercer l’enseignement du ski, soit de manière indépendante, soit dans le cadre d’une école de ski, le plus souvent à l’ESF, qui représente entre 80 et 90 % de l’activité en France ou dans une structure concurrente. Le moniteur peut également enseigner avec le statut de salarié, au sein d’organismes comme l’UCPA par exemple.
Un moniteur de ski est payé 45 euros brut l’heure de cours. Mais à cela, il faut bien entendu enlever 40 à 50 % de charges, car il doit payer tous les éléments de la sécurité sociale. Cela représente donc un revenu compris entre 20 et 30 000 euros brut par hiver, mais les situations peuvent être différentes d’une station à l’autre et d’une année à l’autre, en fonction de l’enneigement. En net, cela équivaut à une rémunération moyenne de 10 à 15 000 euros, sans compter les éventuelles primes.
Combien touche un pisteur secouriste ?
Le pisteur secouriste remplit avant tout une mission de prévention et de secours auprès des skieurs, mais il veille aussi à la qualité du domaine skiable. L’hiver, les horaires du pisteur secouriste sont extensibles. C’est lui qui ouvre les pistes le matin pour les tester et qui les ferme le soir pour ramasser les retardataires. Il peut travailler la nuit pour effectuer des recherches ou intervenir pour des raisons de sécurité. Hors saison, certains travaillent dans le bâtiment, font de l’accompagnement touristique en moyenne montagne ou remplissent une fonction de garde forestier. D’autres trouvent un emploi dans l’hôtellerie.
Chaque hiver, les stations de ski françaises embauchent environ 2500 pisteurs secouristes.
Le salaire d’un pisteur secouriste équivaut au SMIC (1 747,20 euros bruts par mois, soit 1 383,08 euros nets pour 35 heures hebdomadaires, depuis le 1ᵉʳ mai 2023) pour un pisteur secouriste débutant auquel s’ajoutent les repas, primes d’habillement et forfaits de ski. Un pisteur confirmé peut gagner jusqu’à 2 300 euros bruts par mois.
Comment devenir pisteur secouriste : informations auprès de l’Ensa (www.ensa.sports.gouv.fr)
Quel est le salaire d’un perchman (conducteur de remontée mécanique) ?
Ceux qui exercent ce métier participent à la mise en service et à l’entretien de la remontée. La dimension sécurité de ce métier est primordiale. Le perchiste ou conducteur de remontée mécanique veille à l’état de marche des installations. Le plus souvent c’est également lui qui contrôle les forfaits qui permettent aux skieurs d’utiliser le domaine skiable. Il intervient en premier en cas d’incident.
Un conducteur de remontée mécanique débutant gagne le SMIC (1 747,20 euros bruts par mois, soit 1 383,08 euros nets pour 35 heures hebdomadaires, depuis le 1ᵉʳ mai 2023). Des primes peuvent s’ajouter de même que des prestations en nature comme le logement.
Combien est payé un conducteur d’engins de damage ?
C’est un pilote d’engin spécialisé destiné à tasser, stabiliser et niveler la neige fraîche des pistes de ski alpin ou nordique. Il n’y a pas d’heure pour ce conducteur. Il travaille souvent la nuit ou très tôt le matin en fonction des dernières chutes de neige pour préparer les pistes avant leur ouverture au public.
Le salaire d’un dameur est variable en fonction des stations et des primes pour travail de nuit (une capacité à travailler en horaires décalés est donc indispensable pour faire ce métier). Un débutant peut compter au minimum sur le SMIC (1 747,20 euros bruts par mois, soit 1 383,08 euros nets pour 35 heures hebdomadaires, depuis le 1ᵉʳ mai 2023) auquel il faut ajouter 20 % de primes pour travail nocturne. Son salaire avoisine généralement tout cumulé 2 000 € net par mois.
Combien gagne un nivoculteur ?
Ce métier consiste à gérer un réseau de neige de culture. Le nivoculteur définit en début de saison les programmes des canons à neige par informatique, puis en fonction des conditions météorologiques, il gère les canons en direct. Il est le garant de la qualité de la neige et de sa production. Ils doivent savoir tout faire : entre plombier, informaticien, terrassier, météorologue et nivologue.
Face à la complexification des réseaux et un climat durablement perturbé ces postes sont de plus en plus à pourvoir à l’année.
Le salaire dans le métier oscille entre le SMIC et 1 800 euros bruts mensuels auquel il faut ajouter certaines primes.
Quid des autres métiers ?
Il y a aussi les métiers tels que skiman (97% touche entre l’équivalent du SMIC et jusqu’à 2 000 euros), vendeur en ski (72% touche du SMIC et jusqu’à 2 000 euros / 16% touche de 1 000 euros jusqu’au SMIC). Mais aussi : shaper, hôtesse de caisse, agent d’accueil, animateur de club de vacances, agent d’exploitation, chef de secteur remontées mécaniques, chef de secteur pistes, directeur des pistes, guide de haute montagne, accompagnateur en moyenne montagne / VTT / vélo de descente.
Combien gagnent les saisonniers de l’hôtellerie et de la restauration ?
Dans ce secteur, le salaire du saisonnier varie selon l’âge du salarié. – Pour les plus de 18 ans, le minimum légal est fixé sur le SMIC horaire. – Les travailleurs entre 17 et 18 ans toucheront 10% de moins. – Les moins de 17 ans doivent se contenter de seulement 80% du SMIC.
Les heures supplémentaires sont monnaie courante chez les saisonniers, elles donnent droit à une majoration que les patrons oublient souvent de payer en profitant du manque d’expérience de leurs employés. Limitées à 40 heures par trimestres, les 8 premières heures supplémentaires rapportent 25% de plus, 50% pour les suivantes, et elles peuvent aussi être transformées en temps de repos compensatoire.
Attention, le contrat saisonnier est un CDD, qui se différencie par le non-versement à son terme, d’une prime de précarité ! Il peut parfois comporter une clause de reconduction pour la saison suivante, permettant une priorité au saisonnier déjà employé.
Les métiers sont nombreux : gardien de refuge en montagne, cuisinier, commis, pizzaïolo, plongeur, serveur, barman, réceptionniste, employé d’étage, agent de maintenance, d’entretien, animateur, vendeur, employé libre-service.
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