On se demande souvent comment faire pour vivre plus proche de la nature, quel type de style de vie nous permettrait de mener une vie plus calme et pourquoi pas, plus saine. Quand on aime les sports d’hiver, une solution peut être d’habiter dans une station et y travailler. Mais faire quoi, exactement ? Devenir un professionnel de la montagne, peut-être une solution, si, par example, on aime le ski et on a une forte volonté.
Marine est monitrice de ski BASI niveau 2 et elle enseigne dans la station suisse de Champéry-Les Crosets. Elle habite à Morzine-Avoriaz, une station du domaine Franco-Suisse des Portes du Soleil et passe son temps libre au snowpark ou en freeride. L’été, Marine profite des montagnes en faisant du kayak, du VTT de descente (MTB) et de la via ferrata. Elle est devenue ambassadrice Skiinfo cette saison et on en a profité pour lui demander quel était son parcours professionnel qui lui a permis de suivre sa passion pour le ski et vivre en montagne toute l’année.
Quand et où as-tu commencé à skier ?
Je suis née à Paris et j’ai grandi en banlieue parisienne. J’ai commencé le ski à trois ans, avec mes parents on partait chaque hiver au ski et ils m’inscrivaient à l’ESF en cours de groupe à la semaine. J’ai passé toutes mes étoiles enfant puis ma flèche plus tard en étant adulte. Ensuite, adolescente, je continuais de partir en colonie de vacances au ski. On a fait plein de stations différentes quand j’étais enfant, Orcières, Serre Chevalier, Les 2 Alpes, etc.
Ton parcours professionnel jusqu’au ski ?
Je suis partie de Paris quand j’avais 19 ans avec un rêve en tête, celui de faire une saison dans les Alpes. Mon but à long terme était de trouver une station « coup de cœur » dans laquelle je souhaitais vivre à l’année. J’ai commencé par travailler au secrétariat d’une école de ski à val d’Isère pour ma première saison. Je me suis vite rendu compte que je voulais être sur la neige à transmettre ma passion (le ski) avec les enfants plutôt que derrière un bureau à prendre les réservations. J’ai ensuite commencé à m’entraîner sérieusement pour le diplôme de moniteur de ski alpin.
Quelle formation as-tu suivie ?
Alors, il faut savoir que je possède un diplôme BASI, c’est-à-dire British Alpine Ski Instructor. Je suis monitrice de ski alpin britannique/anglaise, c’est un diplôme international qui est reconnu partout dans le monde sauf en France. Étant donné que j’enseigne sur la partie suisse des Portes du Soleil, je respecte bien entendu les lois de mon pays. Pour accéder au diplôme on nous demande un très bon niveau de ski. Nous devons savoir carver virages courts et longs, descendre des bosses, descente toute neige et être très pédagogues. Les étapes à suivre pour ceux que ça intéresse sont disponibles sur le site de BASI.org.uk, il faut aussi être fluent en anglais puisque toute la formation, les contenus pédagogiques sont en anglais.
Pourquoi cette formation (BASI) ?
J’ai choisi cette formation anglaise pour plusieurs raisons. De plus, il faut savoir qu’avant de faire ce diplôme anglais, j’ai bien évidemment tenté le diplôme français. La première raison, c’est que j’ai tenté d’accéder au cursus français en souhaitant m’inscrire dans un club de slalom afin de pouvoir m’entraîner les weekends pour l’obtention du test technique (test de sélection à l’entrée de la formation). Lorsque j’ai appelé le club pour m’inscrire, ils m’ont demandé d’où je venais et où j’habitais.
À cette époque j’habitais Chambéry, je leur ai répondu donc que je venais de Paris, mais que j’habite dorénavant dans leur commune. On m’a répondu « non, on ne prend que des gens de la vallée, désolés, le diplôme est très sélectif ». Le coup de massue pour moi ! Mon rêve s’envole en éclats à ce moment-là.
La deuxième raison pour laquelle j’ai choisi ce diplôme, c’est parce que en parlant avec des amis snowboardeurs, je me suis rendue compte que le diplôme français était inaccessible pour eux ! En effet, en France, il n’existe qu’un seul diplôme reconnu, un DE (diplôme d’État) de moniteur de ski alpin ET snowboard !
Ce qui signifie qu’aujourd’hui en France, une personne ayant fait du snowboard toute sa vie doit forcément passer l’examen d’entrée à la formation en utilisant des skis. Et, l’examen est un slalom niveau équipe de France. En gros, c’est comme si l’on demandait à un tennisman professionnel de faire un examen de formation en badminton… Ça n’a aucun sens ! Quand j’ai compris cette aberration ça m’a tout de suite poussé à m’intéresser aux autres diplômes frontaliers. L’Angleterre, la Suisse, l’Italie, tous ces pays possèdent deux diplômes distincts. Un diplôme de ski alpin et un diplôme de snowboard. Laissant la chance à chaque rider de pouvoir enseigner sa passion. J’ai choisi le diplôme anglais, car je parlais très bien anglais et que je trouvais leur pédagogie poussée. Ainsi, j’ai effectué ma formation anglaise en France. Mais elle peut être effectuée un peu partout dans les grandes stations de ski d’Europe.
Combien coûte la formation d’un moniteur de ski ?
La formation coûte entre 1 500 € et 2 500 € par an. Il faut compter deux années avant de pouvoir enseigner puis encore deux années supplément pour se perfectionner.
Combien gagne un moniteur de ski ?
Le salaire du moniteur de ski varie selon les stations et l’école de ski dans laquelle il travaille. Il peut également être indépendant, et donc fixer ses propres prix et avoir sa clientèle privée. Disons qu’un moniteur de ski gagne entre 35 € et 100 € net/heure selon l’endroit où il travaille.
Quel a été le moment le plus difficile pendant ta formation ?
Le moment le plus difficile pour moi a été lorsque j’ai dû passer mon dernier examen de BASI 2. Je devais initialement le passer en mars 2020, mais les stations françaises ont dû fermer précipitamment en raison des conditions sanitaires. Je n’ai pu le repasser que deux ans plus tard en mars 2022. L’hiver dernier peu d’entraînement à cause de la fermeture des stations, ce qui ne m’a pas permis de m’entraîner comme je voulais. J’avais beaucoup de pression pendant l’examen et j’ai eu du mal à la gérer, j’en faisais des insomnies ! Moi qui dors plutôt bien en général…
Je n’ai jamais pensé abandonner. J’ai dû me battre pour arriver où je suis actuellement. J’ai dû prouver aux autres et à moi-même aussi qu’une petite nana de Paris pouvait être performante en ski et en enseignement, tout comme une fille ayant grandi ici. Et, si j’ai réussi aujourd’hui, c’est uniquement grâce à la passion du ski et des montagnes.
Une vraie passion qui brûle le cœur de bonheur et vide la tête des problèmes ! C’est cette sensation que je ressens au fond de moi que j’aimerais transmettre à mes clients.
Pourquoi as-tu choisi d’habiter à Morzine-Avoriaz ?
Je travaille sur le domaine skiable des Portes du Soleil. C’est un domaine skiable franco-suisse qui relie 12 stations pour 650 km de pistes. Et, je travaille du côté suisse à Champery Les Crosets. Alors, j’ai choisi de vivre à Morzine, car l’atmosphère été comme hiver y est envoûtante ! Il y a énormément de possibilités pour les activités de montagne tout en gardant cet esprit authentique de station de montagne. Il y a très peu de gros bâtiments ou de grosses barres d’immeubles à morzine. Ce sont plutôt des chalets, on se croirait figé dans le temps. J’aime la folie des saisons. L’hiver, le ski, l’été, le VTT, le kayak ou la via. Et, un peu de calme pour l’intersaison afin de se ressourcer.
Quelles sont les opportunités professionnelles pour un moniteur de ski, pendant l’été ?
Chaque moniteur de ski choisi ce qui lui convient le mieux pour l’été. Certains sont artisans indépendants, certains salariés saisonniers, d’autres travaillent aux remontées mécaniques par exemple. Moi, étant donné que je vis de ma passion l’hiver, je suis moins regardante sur ce que je fais l’été. Secrétariat, vente sont les secteurs dans lesquels j’évolue le plus généralement. Je prends ce qui vient pour attendre l’hiver. C’est plus un job de transition qu’un job dans lequel je m’épanouis. Mais, j’aime ce mode de vie. J’aime le changement. J’aime ce renouveau constant des saisons.
As-tu du temps à skier pour toi ?
J’ai toujours un peu de temps pour skier. Pendant la pause midi ou en finissant plus tôt. Sauf en février et en décembre. Ce sont vraiment les grosses périodes ! Mais, en janvier et en mars avril, j’arrive à skier avec les copains et en famille.
Autres passions à part le ski ?
Je pratique le VTT, le kayak, le canyoning, le motocross, la via ferrata, les bivouacs en montagne, les apéros entre amis et c’est déjà pas mal ? Sinon quand je ne peux pas être dehors, je dessine et je peins aussi. N’hésitez pas à me suivre sur Instagram pour suivre mes aventures ! @marinshr
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