La montagne est un milieu naturel exceptionnel, propice à la photo. Que vous soyez débutant ou confirmé dans le domaine de la photographie, et en particulier dans cet environnement, les conseils sont toujours bons à prendre. Encore plus lorsqu’ils viennent de pros. Pour vous aider à progresser ou tout simplement pour vous informer sur le sujet avant de vous lancer, Skiinfo.fr vous livre les astuces de spécialistes du genre.
Pour vous guider et vous permettre d’appréhender au mieux la photographie en montagne, nous avons fait appel à quelques pointure en la matière : Andy Parant, Vanessa Andrieux, Yanis Ourabah, Karim Olivier Bourakkadi et Pascal « Scalp » Gombert ont ainsi accepté de nous livrer quelques uns de leurs secrets…
Andy Parant nous livre les bases de la photographie de montagne
► Quelles sont les bases à connaître pour faire de belles photos en montagne ?
En premier lieu, il est essentiel d’avoir de bonnes bases en photographie traditionnelle. Peu importe les images que tu souhaites faire, il faut tout d’abord maîtriser la trilogie “Vitesse-Ouverture-Sensibilité“. Et bien sûr, avoir des notions de compositions. Ensuite, comme pour tous les domaines, on photographie bien ce que l’on connaît et ce que l’on aime.
► Est-ce qu’il y a certaines règles à respecter ?
Personnellement, ce que j’aime, c’est d’impliquer le spectateur dans l’image, essayer de lui donner l’impression d’y être. Etre au cœur de l’action. Pour cela, j’alterne entre la proximité du grand angle et le regard pénétrant du téléobjectif.
► Tu as des conseils à donner pour shooter de l’action, des paysages, des animaux ?
En ce qui concerne l’action, il faut être prudent, surtout lorsque l’on utilise un fisheye. Un jour, en voulant être au plus proche de l’action, je me suis pris un ski à pleine vitesse dans l’épaule. Heureusement, pas de bobo, mais ça aurait pu mal finir. En montagne, il faut toujours garder à l’esprit que tu es dans un milieu naturel et qu’un faux pas peut être fatal.
En hiver, il est important d’être équipé avec le matériel de sécurité de base (Arva, pelle, sonde). Un sac ABS est un plus pour le photographe. Car même si l’on recommande toujours de se mettre dans des endroits abrités, il arrive que le photographe soit exposé. Idem, toujours garder ses skis ou snowboard aux pieds afin de pouvoir s’échapper rapidement si nécessaire.
En été, il faut appliquer les règles de sécurité habituelles. Ne pas s’aventurer n’importe où, n’importe comment et prendre le temps de s’assurer avec des cordes ou partir avec un guide si nécessaire. Il ne pas se concentrer uniquement sur la photo, mais également sur l’environnement, être attentif aux sons peut éviter de se prendre une avalanche de pierres sur la tête. Pour photographier les animaux, la première règle, c’est de ne pas les déranger. J’ai déjà vu des photographes faire rabattre des chamois par des amis, c’est inadmissible !
► En quoi la montagne est un milieu particulier pour shooter ?
En montagne, chaque prise de vue est différente et il n’y a pas de recette miracle pour obtenir à chaque fois une bonne photo. On me demande souvent comment obtenir le soleil en étoile…. C’est très simple, il suffit de fermer le diaphragme, f/14 est un bon compromis.
► Quels conseils pour quelqu’un qui souhaite débuter ou se perfectionner ?
Se documenter et s’inspirer du travail des autres photographes ! Il faut aussi s’investir un bon coup dans la technique afin de pouvoir l’oublier et se consacrer entièrement à l’image.
Ce n’est pas quand tu es dans une pente enneigée ou au sommet du Mont Blanc qu’il faut te demander si ton 50 mm est adapté et si tu vas ouvrir ou fermer le diaphragme.
► Comment retranscrire au mieux l’immensité et la beauté des paysages de montagne ?
On aurait tendance à dire qu’il faut utiliser le grand-angle pour ça… Ce n’est pas forcément vrai, car s’il a l’avantage d’embrasser une grande partie du paysage, tout semble petit et lointain. Mon conseil serait d’utiliser le téléobjectif. En écrasant les perspectives, il va permettre de donner des dimensions, des références… Par exemple, lorsque tu photographies une personne au premier plan avec une montagne en arrière plan ; si tu utilises le grand angle, la montagne sera minuscule. Par contre, si tu utilises le téléobjectif, la montagne remplira le cadre et paraîtra alors gigantesque par rapport à la personne au premier plan.
► À quoi faut-il faire particulièrement attention en terme de matériel dans ce domaine ?
Il faut privilégier la légèreté ! Par exemple, lorsque je pars avec mon D800E, j’enlève le trip pour gagner en poids. De même, aujourd’hui, j’ai tendance à ne prendre que deux ou trois objectifs : un fisheye, un 28-300 et un 50 mm. Le matériel encaisse, je ne prends pas de précautions particulières. Je fais juste tout sécher quand je rentre si le matériel a pris l’humidité. Il est aussi important de toujours avoir une seconde batterie dans le sac !
Mise en pratique à décrouvrir sur www.andyparant.com
Les conseils de Vanessa Andrieux pour réussir ses photos de montagne
« En montagne, il faut réussir à gérer la réverbération de la neige et les contrastes. L’appareil photo à tendance de lui-même à sous-exposer ou surexposer selon la position avec la lumière. Il faut faire attention à ne pas “brûler“ la neige car ce n’est pas rattrapable par la suite. À la limite, il vaut mieux être un peu sous-exposée, c’est plus simple en post-production. Pour avoir les meilleures lumières, le mieux est de shooter en tout début ou fin de journée car elles sont plus rasantes, ce qui donne une dimension beaucoup plus intéressante aux paysages avec des couleurs plus fortes. Lorsque l’on shoote de l’action, c’est important de communiquer avec le skieur pour savoir exactement où il prévoit de passer. Et ce, pour pouvoir se placer en fonction. Petit conseil, il faut également faire attention à la condensation lorsque l’appareil est resté au froid. Il faut éviter de le mettre directement dans un endroit trop chaud. Le mieux, c’est de le laisser un peu dans le sac car il va ainsi se remettre à température ambiante plus doucement. Une technique intéressante consiste à mettre son appareil dans un sac plastique bien fermé. Ainsi, la condensation se fera sur le sac et non sur l’appareil. Si jamais de la condensation se forme à l’intérieur de l’objectif, il faut enlever les deux caches et se placer face au soleil, il séchera rapidement. »
Quelques clichés de Vanessa à découvrir sur www.vanessa-andrieux.com
La photo en montagne d’après Yanis Ourabah
« J’ai des préférences pour ce qui est du matériel dans ce domaine : un boitier robuste, plusieurs objectifs que j’utilise souvent (un 50mm, un 85mm, un 70-200, un grand angle par exemple…). À l’exception de la mise au point, je choisis moi-même tous mes réglages manuellement. J’ai besoin de contrôler ça parfaitement, pour que ça colle au mieux à ce que j’ai en tête. Je ne fais pas trop confiance aux réglages “par défaut“ que peut faire le boitier en mode automatique.
Les contrastes et la lumière sont des paramètres problématiques en montagne. Entre la neige d’un côté, les nuages, le soleil, le ciel parfois très bleu… C’est un véritable casse-tête ! Petit conseil pour la photo d’action et les tricks aériens en ski ou en snowboard, il est important de conserver un point de repère dans sa composition, pour notamment situer le rider quand il est en l’air. Par exemple, une partie du kick ou la zone de réception. Cela permet de se donner une idée précise de la distance, de la hauteur, de la difficulté du trick et de l’engagement du rider ».
A visiter : www.yanisourabah.com
Les secrets de Karim-Olivier Bourakkadi pour réussir une photo d’action en montagne
« Un conseil essentiel pour la photo d’action en montagne est d’éviter les traces de pas, les traces de ski ou tout forme de traces en générale dans l’image. Il faut aussi arriver à trouver une position qui mettra en valeur le rider. Pour ça, il faut connaître à l’avance son trick et se positionner en fonction pour arriver à “attraper“ son visage dans l’optique d’un meilleur rendu esthétique. Le bon angle est fondamental et permet de donner de la hauteur au rider, de l’isoler dans l’image, de bien implanter le paysage… Même si cela implique de se déplacer plusieurs fois avant de trouver l’endroit idéal, c’est primordial. Avec le temps et à force de faire de la photo, cela vient vite. Une fois que cela est intégré, c’est parfois marrant de se dire qu’il est possible de faire une photo en bord de piste qui donne l’illusion que le rider est en pleine montagne. Mais, l’idéal est de trouver des spots vierges et visuellement très esthétique. Il est important de bien exercer son œil. Pour cela, il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers battus mais en gardant en tête la sécurité évidemment. Le photographe et les riders doivent se faire confiance et former une équipe. Le photographe doit être à l’écoute des riders car ce sont eux qui prennent les risques avant tout ! ».
A visiter : www.bykab.com