Quel sera le visage de nos stations de ski dans 20 ans ?

Magazine Destinations Quel sera le visage de nos stations de ski dans 20 ans ?

Changement climatique, évolutions technologiques, modifications des modes de consommation… autant de sujet sur lesquelles les stations de ski se penchent de plus en plus. Mais à quoi ressembleront donc les stations de ski du futur ?

 

Les stations de ski face au changement climatique et au coût énergétique

Lorsque l’on évoque l’avenir des stations de ski dans un futur relativement proche, le sujet du changement climatique est récurrent et inévitable. Il est désormais impossible de ne pas intégrer cette problématique dans la politique de développement d’une station de ski. Bien que les avis divergent sur la réelle présence d’un réchauffement climatique, le niveau d’enneigement n’est plus aussi conséquent qu’auparavant. « Avec des quantités de neige en baisse de 30% sur 30 ans dans les Alpes, l’avenir des petites stations est particulièrement incertain », selon l’observatoire du changement climatique.

Le fonctionnement global d’une station de ski nécessite un fort coût énergétique et un impact carbone élevé. Consommer moins et mieux est devenu inévitable, d’autant plus depuis l’augmentation du prix des ressources énergétiques. Depuis quelques années, les stations font évoluer leurs équipements dans ce sens : installations de remontées mécaniques plus économes, développement de solutions de transport, création d’hébergements moins gourmands en énergie…

L’association Mountain Rider travaille dans ce sens avec la création de son label Flocon Vert. En plus d’offrir une vision claire aux utilisateurs sur la conscience écologique des stations engagées, ce label garantit l’engagement durable des destinations touristiques de montagne grâce à un diagnostic détaillé (31 critères à respecter). Le Label a été pour le moment attribué à trois destinations (Vallée de Chamonix-Mont-Blanc, Les Rousses et Villars en Suisse).

Pour Guillaume Roger (directeur Marketing et Communication de N’Py), la station du future sera, une station verte, « avec des bâtiments totalement repensés (normes HQE) et autosuffisants en terme d’énergie». Il en va de même pour les remontées mécaniques. Malgré le fait que les investissements de nouveaux équipements soient lourds, l’offre de ski s’améliore constamment. La puissance et le confort du parc de remontées mécaniques augmentent régulièrement avec des débits bien améliorés et des réductions de consommation d’énergies. Aujourd’hui, « le client ne skie pas moins, mais mieux grâce à la modernisation des équipements », explique Alexandre Maulin (directeur général du domaine skiable des Sybelles). « Il y a quelques années, le temps d’attente aux remontées mécaniques et le temps de trajet étaient importants.

Dorénavant, les skieurs bénéficient d’installations plus rapides et plus confortables et peuvent ainsi enchainer les descentes sans perdre de temps». Certaines stations agissent également sur la phase d’exploitation et d’entretien du domaine (damage, neige de culture) avec des solutions pour réduire l’empreinte environnementale ainsi que les coûts d’exploitation (utilisation d’hydrocarbure bio dans les engins de damage, par exemple).

Jean-Yves Remy (PDG du groupe Labelle Montagne) souligne que la prestation des stations est, en effet, en constante amélioration grâce à leur capacité d’adaptation. « Suite aux pionniers qui ont construit les stations de ski avec les moyens disponibles, les acteurs actuels les développent de façon responsable afin de diminuer leur impact écologique », ajoute Alexandre Maulin.

 

Les stations de ski devront répondre aux modifications du mode de consommation

Au-delà de cette problématique environnementale, des facteurs économiques et sociologiques s’ajoutent et interrogent les stations dans leurs stratégies de développement. Pour assurer une croissance pérenne, les acteurs d’aujourd’hui doivent réagir intelligemment pour relever ces nouveaux défis.

En effet, des changements plus profonds, et concernant cette fois-ci la clientèle, interviennent dans l’évolution des stations de ski. Des modifications du mode de consommation des skieurs sont observées depuis quelques années déjà. Le vacancier qui vient en station uniquement pour skier n’existe plus, il est désormais demandeur d’autres services. Même si le ski est irremplaçable et indispensable, « les stations se sont toutes un peu diversifiées dans le ludique et le bien-être », souligne Gilbert Blanc-Tailleur, président de l’Association nationale des maires de station de montagne (ANMSM). Guillaume Roger, le confirme, « la station du future sera ultra animée et ludique, comparable à un parc d’attractions ».

Il est parier qu’à l’avenir, les espaces de glisse réservés à un profil de skieur s’intensifieront (débutants, enfants, seniors, freeride,…) comme la diversification des activités. Après ses 2 ou 3 heures de ski, le vacancier pourra s’adonner à un très large choix de loisirs, de l’activité sensationnelle à l’activité douce et relaxante, en passant par des expériences inédites. Jean-Yves Rémy approuve ces améliorations au niveau du domaine skiable (meilleur accueil, plus de services et développement d’activités ludiques pour tous les profils de vacanciers). Toutefois, pour lui, la notion de parc de loisirs est délicate puisqu’un autre facteur indissociable est à prendre en considération : celui de l’ « expérience montagne ».

Les vacanciers ne vont pas en séjour en stations de ski par hasard, ils veulent, au contraire, vivre une expérience unique où les codes de la montagne sont intégrés. Skier avant l’ouverture du domaine skiable (First Tracks) ou dormir dans un igloo sont des activités à fort succès, par exemple. Même pour les enfants, la logique d’expérience est appliquée dans les stations du groupe Labelle Montagne avec la création de la mascotte Opoual.

Des jeux, activités et animations sont organisés autour de l’univers du yéti, et même une piste baptisée « Opouland » permet de découvrir les mystères de la montagne. Une tendance plus récente est remarquée, celle du partage des expériences, précise Jean-Yves Rémy. C’est là que les notions de réseaux sociaux et de connexion entrent en jeu. Faisant dorénavant partie du quotidien de la majorité des individus, internet va investir largement les stations de ski, comme en ville. La station du future sera, en effet, ultra-connectée.

Le phénomène s’est amorcé avec le développement d’applications mobiles (calcul du nombre de kms parcouru sur les pistes, par exemple) et continuera sur sa lancée. Le WiFi sera disponible partout sur les pistes, des bornes et plans interactifs s’installeront aux quatre coins de la station pour informer en temps réel les vacanciers : ouverture du domaine, possibilités de restauration, files d’attente aux remontées, bons plans de la journée…

 

Quid des petites stations de ski ?

Bien entendu, toutes les stations de ski n’ont pas les moyens d’investir pour assurer leur pérennité. Seules les grosses et solides stations ont les moyens de se suréquiper et de se développer pour pallier au manque de neige et répondre aux nouvelles exigences de leur clientèle.

Les plus petites et isolées (non reliées à un domaine skiable), quant à elles, menacées économiquement, doivent déployer d’autres stratégies pour évoluer à leur niveau (ouverture partielle du domaine skiable selon l’affluence, activités hors-ski originales, mise en valeur du patrimoine…). Une occasion pour ces dernières de se diversifier judicieusement et d’attirer un autre type de clientèle en quête de calme et d’authenticité.

 

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